Sujet : Après lecture attentive du texte en italique,
répondez aux deux questions de réflexion posées en lien avec le texte.
Secrétariat
général du gouvernement : Claire Landais, techno incognito
par Pierre Alonso, publié dans Libération, le 22
juillet 2020
Son
visage ne dit rien à personne, et cela a ses avantages : Claire Landais, haute
fonctionnaire qui vient d’être nommée secrétaire générale du gouvernement,
allait jusqu’à présent au travail en métro et parfois à vélo, plus rarement
avec la voiture mise à sa disposition par la République. Depuis mars 2018, elle
occupait pourtant le poste sensible de secrétaire générale de la défense et de
la sécurité nationale (SGDSN), dépendant également du Premier ministre. Une
fonction de l’ombre, peu exposée et autrement moins vaste que ses nouvelles
attributions comme numéro 3 de Matignon (après le chef du gouvernement et son
directeur de cabinet).
Elle
remplace Marc Guillaume, un des seuls membres de la haute administration à
avoir survécu à l’alternance Hollande-Macron. A en croire plusieurs sources
l’ayant côtoyée, Claire Landais sera son antithèse : une pure technicienne, pas
politique ou partisane pour un sou. Déjà au SGDSN, son comportement tranchait
avec celui de son prédécesseur Louis Gautier, qui s’exprimait volontiers dans
les médias et ne dédaignait pas la lumière. Elle n’a jamais reçu de
journalistes, limitant ses prises de parole publiques aux forums officiels et à
quelques auditions parlementaires.
Diplômée
d'une grande école de commerce puis de Sciences-Po Paris, Claire Landais était
dans la même promotion que le secrétaire général de l'Elysée, Alexis Kohler, et
la ministre déléguée à l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher, à l'ENA. Elle
choisit le Conseil d'Etat à la sortie en 2000, alors qu'elle n'avait pas fait
de formation universitaire en droit. L'une de ses attributions sera la
direction du centre de documentation, qui n'échoit qu'aux meilleurs juristes.
C'est la recette Landais, disent ceux qui ont eu affaire à elle : elle s'impose
même là où on ne l'attend pas. Illustration en 2012 : le gouvernement Ayrault
la nomme directrice des affaires juridiques du ministère de la Défense. Les
militaires regardent de travers cette juriste qui n'a connu que le Conseil
d'Etat et l'Education nationale. «En trois mois, elle est devenue
indispensable, incontournable et respectée, dit Floran Vadillo, ancien membre
de cabinet de l'ex-garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas, qui a suivi de près la
loi sur le renseignement, à laquelle Claire Landais a largement contribué
depuis le ministère de la Défense. Elle a un jugement extrêmement pur, dans
l'intérêt de l'Etat, pas du tout "corpo".»
1 – Compte tenu du rôle de l’institution, quelles
sont les qualités requises pour être Secrétaire Général du Gouvernement ? (10
pts)
2 – Etre passée par une grande école de commerce,
ensuite à l’ENA, puis longuement au Conseil d’Etat, est-ce le cursus « parfait »
pour assurer le poste de Secrétaire général du Gouvernement ? (10 pts)
Corrigé
Il faut ici se mettre à la place d’un citoyen profane et lui
expliquer ce qui est si intéressant, si remarquable au sujet de l’article, en
utilisant tout ce que l’on a appris dans le cours en rapport direct avec le
thème.
Il ne sert à rien de commencer par définir ce qu’est une
institution administrative, on n’a pas le temps ici ce n’est pas une
dissertation et la question ne se pose même pas… Il faut se concentrer tout de
suite sur le Gouvernement puis sur les autres institutions citées dans
l’article.
En cours, nous avons vu dans la partie sur les
institutions centrales :
-
L’existence des collaborateurs des Ministres
(contractuels politisés)
-
Le statut des principaux personnels des
ministères et le principe du recrutement par concours
-
Le partage du pouvoir réglementaire et de
nomination des hauts fonctionnaires
-
Le Secrétariat Gal du Gvt, organe incarnant la
permanence et la continuité de l’Etat au-delà des changements politiques !
-Le Rôle du Conseil d’Etat, avec
les meilleurs juristes de l’Etat, surtout la section qui présente le Rapport et
les Etudes (la documentation est le cœur de notre plus haute juridiction
administrative)
-Le problème de l’ENA, trop
parisienne, déconcentrée puis supprimée, mais formant l’élite sur concours pour
intégrer des Institutions chargées d’appliquer le droit, contrôler
l’application du droit
- Le phénomène de pantouflage et
de copinage qui posent problème au plus haut sommet de l’Etat
Grâce à tout cela il faut donc :
Rappeler ce que fait le Gouvernement. Il est dirigé par le 1Er
Min, n°1 de Matignon, d’après l’Art 20 de la Constitution de 1958. Mais le 1er
Min n’est pas un supérieur hiérarchique des ministres. Le Gouvernement est
collégial et il délibère en Conseil des Ministres, afin d’adopter des textes ou
des décisions, qui sont généralement d’exécution des lois ou de réglementation
autonome. Avant la création du SGG, le 1er Min devait coordonner les
administrations des ministères avec quelques secrétaires de Matignon au rôle
polyvalent et ne restant souvent pas longtemps en poste (instabilité
gouvernementale)
Matignon a un rôle politique et technique. Le Gvt avait donc
besoin d’un organe technique d’assistance juridique, comme dans une mairie il
existe un secrétariat avec un « secrétaire de mairie » et des
« secrétaires » (ces termes anciens ont quasi disparu mais ils
étaient clairs). Les autorités politiques décident, et les fonctionnaires
exécutent sans commenter, si le maire change les fonctionnaires communaux
restent.
Partir du rôle du SGG depuis 1946 : préparation du
conseil des ministres, comme dans une mairie on prépare les conseils
municipaux. Définir les ordres du jour, fournir les informations et
explications aux membres du Gvt. ATTENTION à une erreur fréquente, un ministre
n’est pas élu, il est nommé !
Sur le rôle exact du SGG voir la fiche n°28 de l’Assemblée
Nationale pour présenter les institutions françaises qui collaborent
étroitement avec le Parlement
Sur l’historique : https://www.gouvernement.fr/histoire-du-sgg
C’est le principe du concours qui applique la déclaration
française des droits de l’homme établissant l’égal accès des citoyens aux
emplois publics en considération de leurs vertus et talents.
La nomination au poste de SGG est faite par le Pdt de la
République sur la base de l’article 13 de la Constitution… Nous sommes sur un
poste de proche collaborateur du pouvoir central, donc il s’agit d’un emploi à
la discrétion du Gvt (comme les préfets). Il faut avoir la confiance du Pdt et
du 1er Ministre, c’est là que les opinions (politiques, religieuses
ou philosophiques peuvent avoir une influence).
Il faut presque forcément être passé par l’ENA école
Nationale d’Administration. On y accède par un concours difficile demandant une
longue préparation comme le permet Science Po (pendant 5 années après le bac).
L’ENA suppose un concours d’entrée, et un concours de sortie. Dans ces deux
écoles, le Droit est une composante essentielle. Il n’y a aucune obligation de
passer par une fac de droit pour devenir haut fonctionnaire. En effet, les UFR
de droit enseignent toutes les branches du droit, dont un volume très important
de droit « judiciaire », indispensable pour les futurs avocats ou
magistrats, mais presque inutile pour les fonctionnaires administratifs. Le
texte parle d’une « juriste » n'ayant pas fait de fac de droit. Oui
c’est possible de suivre des formations plus spécialisées en droit public.
Le Conseil d’Etat étant l’une des affectations les plus
prisées à la sortie de l’ENA, la carrière de Claire Landais semble parfaitement
convenue pour le poste de SGG. C’est le point fort de son parcours. Ici il faut
développer pour expliquer en quoi le CE est une institution charnière pour
l’Administration et le Gvt.
Rôle consultatif pour tous les projets de textes importants…
que le SGG doit faire délibérer
Rôle juridictionnel, pour censurer les mauvaises décisions
du Gouvernement que le SGG doit défendre lors des audiences au Conseil d’Etat,
comme devant le Conseil Constitutionnel.
Un seul bémol peut-être dans l’article. Le passage par une
grande école de commerce tendrait à montrer que Claire Landais aurait pu être
motivée par le privé, par le business. On dit aussi qu’elle était dans la même
promo de l’ENA que le Secrétaire Général de l’Elysée et la ministre déléguée à
l'Industrie. Sera-t ‘elle toujours aussi neutre et impartiale qu’on le dit ? Ici on peut évoquer le phénomène du
pantouflage, la grande proximité entre certains très hauts fonctionnaires et
les très grandes entreprises. Mais connaître le monde de l’entreprise, quand on
est haut fonctionnaire n’est pas un mal en soi, bien au contraire, car nous
vivons dans un pays où l’Etat régule et intervient énormément dans l’économie
et la vie quotidienne. Seul l’avenir dira si le cursus de C. Landais était
parfait.
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